Maurice Genevoix et les roses
Très souvent dans son œuvre, il évoque les roses, et tout particulièrement les roses orléanaises. Il les connaissait bien, et de longue date, puisque – nous raconte-t-il dans Images pour un jardin sans murs – lorsqu’il était pensionnaire au Lycée Pothier à Orléans, il allait passer ses dimanches chez un parent pépiniériste à Saint-Marceau. Là, il a découvert les champs de roses en fleurs à perte de vue, les savoir-faire des rosiéristes, les mystères de l’hybridation et de l’obtention de roses nouvelles :
« Au temps où j’avais des maîtres et où ils me cultivaient, je passais mes dimanches chez un parent horticulteur. Il habitait au bord d’une route encore urbaine où brinquebalaient des tramways blancs. Derrière la rangée des maisons et presque à la limite du regard s’étendaient les pépinières.
Je les ai parcourues bien des fois (…) Plantées ou bouturées ensemble, greffées, taillées, pincées ensemble, les roses bourgeonnaient, feuillaient, fleurissaient comme au commandement. (…) Le plein air y sentait tour à tour la résine des haies de thuyas, la terre mouillée, l’haleine des roses en cohortes, le miellat sucré des érables et l’odeur des tilleuls fleuris. »
Il décrit, sur plusieurs pages, avec une grande précision le travail de l’obtenteur de roses nouvelles : « A côté de l’homme qui multiplie, il y a le créateur de variétés nouvelles, l’inventeur qui provoque, imagine et sollicite, qui compose avec la nature, avec une patience acharnée. (…)
Si l’on en croit les statistiques, c’est vingt mille variétés de roses à peu près qu’il faut porter au compte des obtenteurs. On n’en a gardé que cinq mille. Les plus belles, ou les plus heureuses se sont vu décerner, solennellement un certificat de mérite… »
Les roses dans son jardin des Vernelles à Saint-Denis-de-l’Hôtel, surtout des roses anciennes qui ont sa préférence :
« Aux pieds de la maison, en contrebas d’un talus d’herbe et d’arbustes sauvages auxquels se mêlent des buissons de roses anciennes, la Loire, large, sereine et souveraine, coule sous les étoiles, à perte de vue. » (Images pour un jardin sans murs)
Les roses y fleurissaient à foison en mai-juin : « Et partout des fleurs s’épanouissaient, des roses pourpres et blanches en massifs, en plates-bandes, des roses roses, des roses feu berçant leur ombre sur les murs, mêlées à la vigne vierge où les abeilles bourdonnaient… » (dans Rroû)
Maurice Genevoix, les Floralies internationales de 1967 et la rose « Mme Maurice Genevoix » :
Maurice Genevoix a été très présent tout au long de cette grande manifestation qu’ont été les Floralies Internationales d’Orléans. En 1967, il préside à l’inauguration des Floralies avec Edgar Faure (Parrainées par le Général de Gaulle et son Premier Ministre Georges Pompidou, les Floralies sont inaugurées le 22 avril 1967 en présence d’Edgar Faure et de Maurice Genevoix, Secrétaire perpétuel de l’Académie Française).
Il assiste au Parc Floral avec son épouse Suzanne et ses deux filles, Sylvie et Françoise, au baptême de la rose dédiée à sa femme, en avril 1967 dans le cadre des Floralies. Une création des rosiéristes Hémeray-Aubert : rose argenté à l’avers, carminé au revers, toujours en culture.