Une industrie disparue : la fabrication de roses artificielles
Un métier original et très « Belle Epoque » a fait les grandes heures de la petite ville de Jargeau : la fabrique de fleurs artificielles, travail minutieux qui exigeait beaucoup de soin et de doigté, employant surtout une main d’œuvre féminine. La maison Emile Dupuis, spécialisée dans les roses et qui écoulait toute sa production auprès des maisons de luxe parisiennes, recrutait, dans tous les environs et jusqu’à Orléans, des ouvrières et des apprenties qui étaient formées sur place.
Ardouin-Dumazet, dans son Voyage en France en 1900, visite Jargeau et sa petite manufacture de roses : « Une industrie charmante, celle des roses artificielles, y a pris racines : 250 ouvrières travaillent dans ses ateliers ; Jargeau, ne pouvant fournir tant de diligentes abeilles, a dû faire appel aux environs : chaque matin des trains ouvriers lui amènent, de Châteauneuf, des femmes et des jeunes filles. »
En dehors de ses ateliers, la maison faisait également travailler à domicile une main d’œuvre féminine nombreuse dans toutes les campagnes environnantes.
Le Musée de Tigy conserve dans l’une de ses salles les témoignages de cette activité aujourd’hui disparue.
Voir : Musée de l’Artisanat rural ancien et sur le site : museeartisanat.fr.
Des rosiéristes gergoliens
Jargeau était une commune viticole depuis toujours, et la vigne y était quasiment une monoculture, qui avait fait la prospérité du canton. La population y était en majorité vigneronne. La crise du phylloxéra, qui ravage le vignoble au début des années 1880, porte un coup très dur à l’économie locale. C’est alors que quelques gros vignerons, tout en replantant leur vignoble, développent la culture des roses, comme Felix Lorgeron sur Jargeau et Eugène Soissons sur Darvoy. Ils produisent alors, pendant quelques années, de nombreuses variétés, participant à des expositions et concours horticoles où leurs belles collections sont souvent primées.