Les roses dans le jardin des moines de l’abbaye de Ferrières
Fondée vers 630, l’abbaye bénédictine de Ferrières acquiert à l’époque carolingienne une grande renommée et rayonne sur toute l’Europe. Dès le 8e siècle, les moines y entretenaient un important jardin de plantes aromatiques et médicinales ou « herbularius », dans lequel la rose occupait une place de premier plan : la rose était, en effet, avec le lys, en tête de la liste des plantes dont la culture était prescrite par l’Empereur Charlemagne dans ses jardins, telle qu’elle figure dans le fameux Capitulaire De Villis. Ce document célèbre, qui concerne la bonne gestion des terres des domaines royaux, était particulièrement connu à l’abbaye de Ferrières puisque l’abbé en était, à partir de 793, Alcuin, grand ami et premier conseiller de Charlemagne, principal artisan de la Renaissance carolingienne, grand lettré mais qui s’intéressait aussi aux simples et à leurs vertus thérapeutiques. C’est d’ailleurs à Alcuin ou à l’un de ses disciples qu’est attribuée la copie de ce Capitulaire.
L’un de ses successeurs à la tête de l’abbaye, le fameux Loup de Ferrières (abbé de Ferrières entre 841 et 862) était aussi un savant agronome et horticulteur : sous sa houlette, le monastère avait acquis une véritable réputation agricole et horticole, ses jardins avaient acquis une grande réputation et c’est à Ferrières que les monastères voisins s’adressaient quand ils voulaient avoir de beaux fruits, des semences ou des boutures de quelques plantes encore peu connues.
Les roses cultivées dans le jardin des Moines étaient utilisées à la fois pour leurs qualités ornementales (Décoration des autels et des chapelles) et pour leurs nombreuses vertus médicinales, sous différentes formes : miel rosat, sucre rosat, sirop rosat, huile rosat, pour malaises et lourdeurs d’estomac, maux de tête. Eau de rose en collyre et onguent pour la peau.
Une tradition toujours bien vivante : la Rosière et… le Rosier
Dans le Gâtinais, la tradition a été très vivante ; elle se perpétue de nos jours dans quelques localités, dont Ferrières.
Le 6 juin 1929, le conseil municipal a accepté à l’unanimité le legs de Madame Louise Renée Sergent, veuve Mercier : une somme de quarante mille francs plus des terres à Fontenay et à Ferrières. Sur les revenus de cette somme et de ces immeubles, il sera prélevé chaque année la somme de quinze cents francs, destinée à doter chaque année, le Lundi de Pentecôte, une jeune fille méritante habitant Ferrières, désignée par le Conseil Municipal.
Le couronnement de la rosière a toujours lieu, chaque année à la Pentecôte. Quatre ans plus tard, par testament en date du 2 décembre 1933, Monsieur Pierre Leboucq donne et lègue à la Ville de Ferrières (Loiret) une somme suffisante pour constituer une rente de quatre cents francs nette de charges, destinée à un chef de famille pauvre, y demeurant depuis dix ans au moins et qui en sera jugé digne par son travail et la bonne tenue de sa maison.
Depuis, Ferrières a aussi son « rosier » !
Clin d’œil : Paul Lefèbvre, spécialiste des roses anciennes, de renommée internationale (il est vice-président des Amis de la roseraie de l’Haÿ-les-Roses, membre-fondateur de l’Association des Roses Anciennes en France, ami très proche d’André Eve), possède une maison à Ferrières. Très investi dans la Maison des Loisirs et de la Culture de Ferrières-en-Gâtinais, il donne de nombreuses conférences sur les roses et l’art des jardins, et organise des visites de jardins remarquables pour leurs roseraies dans la région.