Guillaume de Lorris et le Roman de la Rose
Qui n’a pas entendu parler du Roman de la Rose, ce premier best-seller de notre histoire littéraire, admiré, copié, largement diffusé ? Il fait partie du très riche patrimoine médiéval de notre pays. Son influence a été immense et s’est prolongée bien au-delà du XIIIe siècle.
Cette œuvre majeure a été écrite, à une quarantaine d’années d’intervalle, par deux poètes de l’Orléanais : Guillaume de Lorris et Jean de Meung.
Guillaume de Lorris, issu d’une famille noble ayant un château dans les environs immédiats de Lorris, compose la première partie (qui compte 4149 vers) de ce « roman » dans les années 1230-40. L’œuvre, laissée inachevée par la mort du poète, sera reprise et continuée par Jean de Meung en 1275-1280 environ.
Cet « Art d’aimer », qui commence par un songe ravissant, au printemps, dans la forêt d’Orléans toute proche, est le récit d’une quête amoureuse, pleine d’obstacles que l’amant franchit pour enfin pouvoir cueillir la rose, objet de tous ses désirs. Car c’est d’une rose, image sublimée de la femme, que le poète est tombé éperdument amoureux « Sitôt que je sentis la Rose, je ne rêvai qu’une chose, m’en approcher et la cueillir », un délicat bouton de rose qu’il aperçoit se mirant dans l’eau d’une fontaine…
Cette œuvre a fait connaître le nom de Lorris dans le monde entier.
Le texte du Roman de la Rose est conservé à quelque 300 exemplaires, ce qui est énorme pour un ouvrage manuscrit de langue française. Les Archives Départementales du Loiret possèdent un exemplaire de 1481 du Roman de la Rose.
Le rosiériste orléanais Hémeray-Aubert a créé une rose baptisée « Guillaume de Lorris », dans les années 1960.
Les arcades de Lorris à Montargis
Un très bel ensemble architectural en pierre blanche clôt l’un des côtés du jardin de l’hôtel Durzy à Montargis : il est composé de cinq baies ogivales à colonnettes, vestiges d’un monument du 13e siècle, l’ancien Hôtel Tournemotte à Lorris, qui avait appartenu aux Templiers. Cet antique bâtiment abritait la gendarmerie de Lorris au 19e siècle ; puis devenu vétuste, on décide de l’abattre. La ville de Montargis décide alors d’acheter, pour la sauver, l’élégante galerie qui ornait le premier étage de la vieille demeure. Et en 1862 les « arcades de Lorris » étaient remontées à l’emplacement où nous pouvons les admirer aujourd’hui, dans les jardins de l’hôtel Durzy.
Le visiteur un peu curieux remarquera le décor sculpté de ces précieux vestiges : de curieuses têtes de chats et surtout 9 grosses roses qui constituent l’essentiel de ce décor. Ces roses évoquent évidemment le Roman de la rose, composé à la même époque par Guillaume de Lorris. elles se lisent comme un message d’amour courtois, qui nous ramène au temps des troubadours et aux très riches heures du passé de Lorris, quand les rois, dont Saint Louis, y séjournaient.