Le Bignon-Mirabeau

Les roses au château du Bignon

Le poète et les roses 

Au cœur du bocage gâtinais, le château du Bignon est classé « Maison d’écrivain ». Demeure du poète Patrice de la Tour du Pin qui y passe une partie de son enfance et, plus tard, y puise son inspiration, dans la communion avec la nature, au rythme des saisons.

Amoureux de la nature, Patrice de la Tour du Pin s’occupe avec passion de son jardin. Dans la très belle serre semi-circulaire du 19e siècle, il multiplie, greffe, bouture, acclimate des fleurs nouvelles. Il a une tendresse particulière pour les roses, avec une préférence pour les rosiers botaniques dont il a planté un grand nombre dans le jardin. Cet amour des roses et du jardinage lui a été inculqué par sa grand-mère maternelle O’Connor, qui avait créé une magnifique roseraie au Bignon, et qu’il appelait « la bonne fée des rosiers ». Il lui a consacré plusieurs strophes, dont voici les premiers vers :

« Comme elle était fée dans sa roseraie,
Fragile et d’âme claire et recueillie,
Son regard perdu par la grande baie,
Sur le soir tombant déjà au vallon… »

 

Aujourd’hui, les roses dans le parc du Bignon 

Un « Jardin littéraire » est créé au Bignon en 2011 à l’occasion du centenaire de la naissance du poète, père de l’actuelle propriétaire, Mme d’Abboville.

Ce jardin, construit sur quatre terrasses, invite à pénétrer dans l’œuvre du poète en quatre étapes : le jardin de roses sur la troisième terrasse symbolise le paradis terrestre, avec le vieux bassin au milieu. La longue pergola de roses est une délicieuse invitation à flâner, rêver, goûter la douceur de vivre.

 

Le château abrite aussi des roses dans l’étonnante collection de chromolithographies.  Elle fut réunie par Jacques Ferrand, illustrateur, bibliophile et collectionneur, grand ami de Patrice de La tour du Pin. Enguirlandées ou festonnées de roses à foison, ces gravures surannées qu’adorait Patrice de la Tour du Pin apportent au Bignon-Mirabeau une touche enjouée de fantaisie et d’enfance.

 

Le comte de Mirabeau et les roses :

L’autre grand homme du Bignon, le fameux Mirabeau, le grand orateur de la Révolution française est né au château du Bignon en 1749. Il s’est aussi intéressé aux roses. Lors de sa folle histoire d’amour avec Sophie de Monier (dont la dernière partie a eu pour cadre la ville de Gien), Gabriel-Honoré de Mirabeau avait entrepris de traduire pour elle des poèmes d’amour de Tibulle, « le poète des Amants », poèmes qu’il lui envoyait avec des petits commentaires. Voici ce qu’il raconte sur la rose fleur de Vénus :

« La rose n’était pas moins chère à Vénus, ou parce que cette fleur passe pour la reine des autres, ou parce qu’elle fut produite, lorsque la mer fît naître de son écume la belle Déesse, ou parce que cette fleur qui était blanche d’abord, fût teinte du sang qui sortit de son pied blessé par une épine, ou enfin parce qu’elle est née du sang d’Adonis. Mars jaloux de ce beau jeune homme, et qui croyait que sa mort lui rendrait Vénus, le changea en sanglier et le tua ; la Déesse désespérée de ce meurtre, se jeta sur des roses sans se donner la peine de prendre sa chaussure ; leurs épines la piquèrent, et voilà l’origine de la couleur, ou de l’odeur des roses qui furent aussi teintes du sang de son amant. La rose, dit Anacréon, est le parfum des Dieux, la joie des hommes, l’ornement des grâces, dans la saison fleurie des amours, les délices de Vénus, et l’on prend plaisir à la cueillir même en se piquant à ses épines. Delà l’usage des couronnes de roses ; delà la superstition singulière de frapper sur sa main avec des feuilles de roses, pour juger du succès de ses amours. »

 

Plus d’infos : Le Château du Bignon-Mirabeau

  • Texte : ADRT Loiret
  • Photos : ADRT Loiret